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Longtemps ignoré, l’hydrogène naturel a d’abord été pris pour une erreur de mesure. Pourtant, des indices répétés, sur le terrain et en laboratoire, ont changé la donne. Aujourd’hui, la question n’est plus « existe-t-il ? », mais « comment le produire de manière sûre et utile ».
Du « bug » de capteur à une piste énergétique crédible
Dans plusieurs forages, les instruments ont affiché des valeurs de dihydrogène jugées incohérentes. Les équipes ont d’abord recalibré leurs capteurs, sans y croire. Puis les mêmes niveaux sont réapparus, au même endroit. Ainsi, la piste d’un gaz in situ a supplanté l’hypothèse du faux signal et relancé l’intérêt pour l’hydrogène naturel.
Le cas le plus cité est celui de Bourakébougou, au Mali, où un puits creusé à la fin des années 1980 a révélé un flux d’hydrogène. Sur place, des essais ont montré la possibilité d’alimenter un groupe moteur. En 2012, le village a été éclairé grâce à ce gaz. De plus, la flamme observée est propre et sans fumée.
Des analyses ont confirmé une pureté proche de 98 %, avec un débit resté stable pendant des années. D’autres sites, de la Russie aux États-Unis, ont rapporté des signatures comparables. Les laboratoires ont alors multiplié les contrôles isotopiques pour comprendre l’origine. Cette inflexion a hissé l’hydrogène naturel au rang des sujets sérieux de la transition.
« Nous avons d’abord pensé à un artefact de mesure, puis à une source d’énergie tangible. »
Ce que la géologie nous dit
Plusieurs mécanismes géochimiques peuvent produire du dihydrogène dans le sous-sol. L’oxydation de minéraux riches en fer au contact de l’eau en est un, tout comme la serpentinisation des roches ultrabasiques. La radiolyse peut aussi jouer un rôle, sous l’effet du rayonnement naturel. Ainsi, différentes « usines » souterraines peuvent coexister selon les contextes.
À découvrirLion amputé et borgne invente une technique de chasse pour survivre, des scientifiques la documententDes indices de surface aident à cibler les recherches. On parle de ronds végétalisés, de suintements gazeux ou de puits anciens présentant des bulles. Les « ronds de sorcière » ont, par exemple, guidé des relevés qui ont mesuré du H2. En conséquence, ces marqueurs guident désormais des campagnes dédiées à l’hydrogène naturel.
- Mesures récurrentes plutôt qu’une valeur isolée
- Analyses isotopiques pour tracer l’origine
- Surveillance des flux dans le temps
- Contrôles de sécurité sur chaque site
- Dialogue précoce avec les riverains
Un potentiel industriel à préciser
Le gisement est là, mais la mise à l’échelle reste à prouver. Des demandes de permis d’exploration ont été déposées dans plusieurs pays en 2023-2024. Les coûts amont pourraient être contenus, car la ressource est déjà formée. Néanmoins, la variabilité des débits impose des pilotes rigoureux.
Sur le plan climatique, ce gaz natif est intrinsèquement bas carbone à la source. Il n’exige ni vaporeformage du méthane ni électrolyse intensive. Par conséquent, les émissions opérationnelles peuvent rester faibles, hors forage et compression. Cette promesse attire des acteurs de l’énergie, mais demande des preuves à long terme.
Reste un paquet d’obstacles techniques et économiques. Les débits doivent être stables, sinon la rentabilité s’effrite. La sécurité industrielle est non négociable, du puits au stockage. Enfin, l’acceptabilité locale se gagne par des preuves et des garanties.
Cadre réglementaire et acceptation locale
Le code minier, les études d’impact et la participation du public s’appliquent. Les autorités demandent des mesures de baseline, puis un suivi environnemental. Aussi, la transparence des données alimente la confiance. L’hydrogène naturel ne fera sens qu’avec des bénéfices locaux visibles.
Le retour d’expérience malien illustre une voie possible. Une ressource discrète peut sécuriser une électricité de proximité. Avec des emplois sur site et des services partagés, la promesse devient concrète. De plus, la formation des équipes locales renforce la résilience.
Questions de science… et d’éthique
La compréhension des réservoirs demeure un chantier. Les réseaux de fractures, la recharge du gaz et les mélanges avec d’autres fluides doivent être cartographiés. D’ailleurs, la co-présence d’azote ou d’hélium peut influencer les procédés. L’hydrogène naturel impose donc une approche intégrée, de la géologie à l’ingénierie.
Les données publiques restent encore éparses et hétérogènes. Des équipes partagent désormais des bases de mesures pour avancer plus vite. Ensuite, les protocoles de sécurité sont ajustés au fil des essais. Cette dynamique collective est clé pour réduire les incertitudes.
À découvrirOrange lance en France le 1er forfait mobile par satellite, réservé aux zones blanchesLe récit est d’abord celui d’une curiosité bien placée. Des techniciens ont vu un « bug » et ont persévéré. Ainsi, une voie prudente s’ouvre pour tester l’hydrogène naturel dans des usages ciblés. Demain, la preuve par les faits tranchera sur sa place dans le mix.
Crédit photo © LePointDuJour

