James Webb retrouve la source du signal radio le plus brillant jamais enregistré

Un FRB record a frappé la Terre. James Webb remonte sa trace. Piste d’un magnétar au sein de galaxies en fusion? Indices clés à découvrir.

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Un flash radio a heurté la Terre en 2022. Il a été si puissant qu’il a battu tous les records connus. Grâce au télescope spatial James Webb (JWST), les chercheurs ont retrouvé sa source et brossé un récit précis de son origine.

Le flash radio qui a surpris la Terre et étudié par le télescope James Webb

Le signal porte un nom technique : FRB 20220610A, pour sursaut radio rapide. En une fraction de seconde, son énergie a surpassé celle émise par le Soleil sur des jours. Les radiotélescopes ont alerté la communauté en temps réel.

Les premières mesures ont révélé une dispersion énorme. Les ondes les plus basses arrivaient en retard, signe d’un trajet très long. Tout indiquait une source à plus de 8 milliards d’années-lumière.

“Nous avons vu passer le signal radio le plus brillant jamais enregistré. La question suivante était simple : d’où venait-il, exactement ?”

Retracer la source avec James Webb

Localiser un FRB demande un plan à plusieurs étapes. Les réseaux radio comme CHIME, ASKAP ou le VLA cernent la position à l’arcseconde. Puis James Webb resserre la scène sur quelques amas d’étoiles.

Les images NIRCam ont révélé un nœud lumineux perdu dans une structure complexe. Le spectre NIRSpec a fixé le décalage spectral et confirmé la distance. La carte du ciel s’est transformée en plan d’action.

Ce que l’image révèle sur l’origine des FRB

Le point d’impact ne se situe pas dans une petite galaxie isolée. James Webb montre un groupe de galaxies en interaction, tressées par des ponts de gaz et des poches de naissance d’étoiles. Le FRB vient d’un amas jeune, légèrement décalé des noyaux galactiques.

Ce décor suggère une source probable : un magnétar, une étoile à neutrons à champ magnétique extrême. Elle pourrait être née d’une étoile massive, dans une rafale de formation stellaire. Le lieu et l’âge collent avec ce scénario.

“L’environnement du FRB 20220610A mêle collisions de galaxies et sursauts de formation d’étoiles. C’est le terrain idéal pour forger des magnétars capables de tels éclats.”

Cette scène bouscule les idées reçues. Certains FRB venaient de petites galaxies pauvres en métaux. Ici, la source habite un système riche, en mouvement, en pleine fusion.

Des chiffres qui changent l’échelle

La dose d’énergie du FRB 20220610A est hors norme. En quelques millisecondes, le flux a dépassé celui de nombreux FRB catalogués en une décennie. La dispersion du signal cadre avec le trajet à travers le gaz des halos et des filaments cosmiques.

Le décalage spectral mesuré au James Webb valide l’estimation radio. On passe de l’indice indirect à la distance solide. Et l’équipe obtient la première image nette de l’environnement précis de ce flash record.

Comment James Webb a fait la différence

La résolution de NIRCam a séparé des taches que l’on confond au sol. Elle a distingué plusieurs cœurs et bras déformés par la marée gravitationnelle. Le FRB n’est pas au hasard : il tombe sur un nœud d’étoiles jeunes.

Le spectrographe NIRSpec a livré les raies d’oxygène et d’hydrogène. Ces raies signent une forte formation d’étoiles et un gaz ionisé. Elles donnent l’âge et la métallicité du milieu.

Ce duo image-spectre ferme la boucle. Les radios localisent, JWST identifie et caractérise. On passe d’un point lumineux à une histoire physique.

La méthode s’industrialise. Chaque nouveau FRB bien localisé pourra recevoir le même traitement. Les statistiques révéleront si les galaxies en interaction dominent la scène, ou si d’autres voies mènent au magnétar.

Ce que cela dit des FRB en général

Le cas FRB 20220610A confirme la diversité. Certains FRB se répètent, d’autres non. Les milieux varient : naines actives, spirales massives, groupes en collision.

Un fil rouge se dessine tout de même. Quand la formation d’étoiles s’emballe, les magnétars naissent plus souvent. Et une fraction d’entre eux peut produire des éclairs radio assez forts pour traverser des milliards d’années-lumière.

Les prochaines étapes pour comprendre ces signaux

Il faut d’abord bâtir un échantillon. Les réseaux comme CHIME, ASKAP, MeerKAT et le VLA traqueront d’autres FRB extrêmes. James Webb, puis les grands télescopes optiques et infrarouges au sol, prendront le relais.

La priorité : mesurer des redshifts fiables et cartographier les hôtes. Les chercheurs compareront la densité de gaz, l’âge des étoiles et la géométrie des galaxies en interaction. Chaque variable compte pour remonter à la source.

Autre piste : coupler radio, infrarouge et rayon X. Un magnétar actif peut laisser des traces dans plusieurs bandes. Un suivi multi-longueurs d’onde resserre les contraintes sur le moteur physique.

Enfin, ces FRB servent de balises. Leur dispersion sonde le gaz ténu entre les galaxies. Avec FRB 20220610A et ses pairs, la cartographie du milieu intergalactique gagne un outil simple et puissant.

Crédit photo © LePointDuJour


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