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Un appartement moisi peut vous voler le sommeil, la voix et l’envie de rester chez vous. Ce récit documente un protocole anti-humidité testé, ajusté, puis validé sur le terrain. De la première odeur de renfermé au retour d’un air intérieur sain, voici le chemin.
Quand l’humidité rend malade
Au réveil, la gorge brûle et le nez pique. Les murs perlent, les vitres suintent, les tissus collent. Le corps parle fort quand les moisissures s’installent. Ce signal n’attend pas.
Au-delà de 60 % d’humidité, l’air nourrit spores et acariens. Les enfants et les asthmatiques encaissent les premiers. Les pièces froides et les ponts thermiques amplifient le malaise. Le nez sature, la toux s’invite.
Le risque se cache souvent à vue. Derrière un canapé plaqué au mur. Sous un joint de douche, au-dessus d’une fenêtre. Un intérieur humide n’est pas un simple défaut de confort. C’est un enjeu de santé.
Première mission: comprendre les sources
On commence par mesurer. Un hygromètre simple indique le taux d’humidité pièce par pièce. On cherche les fuites, on teste la VMC, on scrute les joints. Étape 1 du protocole anti-humidité: le diagnostic.
On isole les causes, une par une. L’eau vient parfois d’un siphon, d’un mur froid, d’un séchage de linge en intérieur. Les cuisines et salles d’eau sont des zones rouges. Sans cause identifiée, pas de remédiation durable.
« Je pensais souffrir d’une allergie de saison. C’était mon logement humide qui me rendait malade. Le jour où le taux est passé à 50 %, j’ai enfin respiré. »
Le plan d’action se construit alors. Pas à pas, sur 30 jours. Avec des gestes simples, réguliers, contrôlés. Objectif: retomber à 45–55 % d’humidité.
- Couper les apports d’eau: fuites, infiltrations, douches trop longues
- Aérer 10 à 20 minutes, deux fois par jour, portes intérieures ouvertes
- Faire tourner la VMC en continu et nettoyer les grilles
- Stabiliser le chauffage à 19–20 °C, sans gros écarts
- Mesurer chaque jour avec un hygromètre fiable
Protocole anti-humidité: 30 jours pour assainir
Semaine 1, on stoppe l’eau à la source. Plombier si besoin, joints refaits, siphons purgés. On décale les meubles de 5 cm des murs. L’ennemi n°1, ce sont les apports d’eau non maîtrisés.
Semaine 2, on sèche vite et bien. Un déshumidificateur tourne en continu dans la zone la plus humide. Cible: 50 % d’humidité stable. On vide le bac matin et soir, on note les chiffres.
Semaine 3, on nettoie sans agresser. Aspirateur équipé HEPA, linges microfibres humides, détergent doux. Éviter de frotter à sec pour ne pas pulvériser les spores. Sur petites zones, peroxyde d’hydrogène 3 % ou alcool à 70 %, puis rinçage. Les matériaux poreux très moisis partent à la benne.
Ventilation et chauffage: trouver l’équilibre
Une VMC doit tourner 24 h/24. On dégraisse bouches et entrées d’air, on vérifie le tirage. En cuisine, couvercles et hotte limitent la vapeur. Le bon repère: 45–55 % d’humidité, contrôlé matin et soir.
Le chauffage reste stable. 19–20 °C dans les pièces de vie, sans chute brutale la nuit. Pas de linge qui sèche dans le salon, ou alors déshumidificateur à côté. Les pièces gagnent en confort, la condensation recule.
Après la crise: santé, prévention et droits
La santé ne suit pas toujours le rythme des murs. Si la toux, les sinusites ou la fatigue durent, on consulte. Un médecin peut relier symptômes et air intérieur. Les enfants, les femmes enceintes et les asthmatiques restent prioritaires.
Un purificateur HEPA aide en appoint, surtout lors du nettoyage. Charbon actif si odeurs ou COV, filtre HEPA pour les particules. Mais un purificateur ne remplace pas la remédiation. Sans maîtrise de l’humidité, le problème revient.
Côté logement, chacun a des devoirs. Le locataire ventile, signale, entretient. Le bailleur traite les causes structurelles: infiltration, isolation, VMC défaillante. Un appartement moisi doit recevoir une action rapide et traçable pour éviter la rechute.
Crédit photo © LePointDuJour