Waze lance une fonctionnalité polémique: au volant, l’accepteriez-vous si elle débarquait en France ?

Waze teste une alerte accidents. Sécurité ou distraction ? Données et vie privée en question. Et si elle arrivait en France, l’adopteriez-vous ?

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Sur la route, chaque bip compte. Waze teste une nouvelle alerte d’“historique d’accidents” qui prévient les conducteurs à l’approche de tronçons jugés à risque. L’idée séduit certains, et fait grincer des dents d’autres, surtout à l’heure où l’on se demande si la fonctionnalité pourrait débarquer en France.

Comment Waze veut prévenir les risques

Le principe est simple. L’application de navigation signale un segment de route où des accidents se répètent, selon des données de trafic et de conduite. L’alerte s’affiche ou se lit à voix haute, juste avant la zone. Le but affiché reste clair: inciter à lever le pied et rester attentif.

Derrière le message, Waze dit s’appuyer sur des données agrégées et anonymisées. Le modèle croise vitesse, freinages, virages, météo, heure et travaux connus. Des critères de forme de la route comptent aussi: pente, rayon des courbes, visibilité. Le tout pour anticiper un sur-risque local et prévenir les usagers.

“Je veux bien plus de sécurité, mais pas une alerte de trop au moment où je gère déjà la circulation, la pluie et un appel pro.”

Pourquoi la polémique monte

Le premier point qui fâche, c’est la distraction potentielle. Une alerte de plus peut briser la concentration, surtout en ville. Certains craignent une fatigue d’alertes avec trop de signaux en un temps court. D’autres redoutent un stress inutile sur des axes déjà chargés.

La vie privée nourrit aussi le débat. Waze assure ne pas suivre des personnes, mais analyser des tendances. En France, la CNIL et le cadre RGPD demandent des garanties fortes. Les acteurs de la sécurité routière veulent de la clarté sur ce qui déclenche l’alerte, et quand elle se coupe.

Ce que cela changerait au volant en France

Imaginez un trajet sur le périphérique ou une départementale humide. La voix prévient: “Zone à forte sinistralité dans 300 mètres”. Vous levez le pied, vous gardez vos distances. Bien réglée, l’alerte peut jouer ce rôle de petit rappel qui évite la faute d’attention.

Le bénéfice se voit dans les moments à risque: pluie, nuit, bretelles serrées. L’outil aide à repérer les pièges récurrents que l’on ne connaît pas. Il peut éviter le freinage tardif, la trajectoire trop large, ou l’oubli du clignotant. Mais il faut un ton mesuré, et pas de spam sonore.

“La bonne alerte, c’est la bonne info au bon moment, une seule fois, et sans vous faire chercher l’écran.”

Reste une question sensible: l’application peut-elle pousser les gens à éviter certains axes jugés “à risque” et déplacer le trafic ailleurs? Les élus urbains suivent ce sujet de près. Un basculement massif vers des rues calmes peut gêner les riverains. Il faudra donc un réglage fin pour ne pas pénaliser un quartier entier.

Données, algorithmes et transparence

Pour gagner la confiance, Waze devra expliquer les seuils: combien d’accidents? sur quelle période? quels filtres météo ou horaires? Des faux positifs existent toujours, par exemple lors d’un chantier ponctuel. Un audit indépendant peut aider à calibrer. Un bouton “silencieux” ou “pas sur ce trajet” ferait baisser la pression.

Le choix de l’opt-in compte aussi. L’usager coche la fonction, avec des niveaux: voix seule, visuel seul, ou rien en ville. On peut limiter l’alerte la nuit sur autoroute, ou la réduire à des points noirs vraiment avérés. Ce contrôle remet le conducteur au centre, sans dogme.

Entre gains de sécurité et fatigue d’alertes

Waze prévient déjà pour radars, dangers, débris, animaux, bouchons. Ajouter l’historique d’accidents crée un empilement. Pour rester utile, le système doit prioriser. Une alerte rare, bien timée, vaut mieux que trois notifications en dix secondes.

Quelques règles simples aident l’usager. Le téléphone reste fixé, l’audio prend le relais, on ne touche pas l’écran en mouvement. On coupe les alertes non essentielles en ville dense. On garde l’œil sur la route et les mains sur le volant, la base de la conduite sûre.

Les pouvoirs publics ont aussi une carte à jouer. Des tests locaux peuvent mesurer l’effet réel sur les vitesses et les heurts légers. Des échanges de données agrégées avec les collectivités peuvent nourrir les plans de remise à niveau d’un carrefour ou d’une bretelle. Le but reste le même: moins d’accidents, moins de douleurs.

Côté Waze, un rapport de transparence par pays aiderait. On y verrait le nombre d’alertes, leur précision, et l’évolution des comportements. Des mises à jour trimestrielles pourraient ajuster la fréquence et le wording. L’app gagnerait en crédibilité, et les conducteurs en confiance.

Crédit photo © LePointDuJour


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