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Le SMS piégé qui vise votre compte bancaire
Il est 7 h 31, le café n’a pas encore coulé. Votre écran s’allume: « Activité suspecte détectée. Confirmez ici. » Votre cœur s’emballe et votre pouce hésite. C’est exactement ce que cherche l’arnaqueur: provoquer une réaction rapide.
Le message paraît venir de votre banque, d’un service colis, ou d’un impôt. L’expéditeur peut afficher un nom usurpé, parfois le même fil que vos vrais SMS. Un lien court vous pousse à « sécuriser » votre accès. La pression temporelle remplace le jugement.
« Le premier réflexe, c’est de ralentir. Un SMS qui presse, c’est déjà un signal. »
Si vous cliquez, une page clonée recueille vos identifiants, puis un code à usage unique. Parfois, un faux conseiller appelle et confirme la manœuvre. Le numéro semble local, voire celui de la banque: c’est de l’usurpation. Une fois vos codes saisis, le pirate peut valider un virement.
Le mode opératoire, étape par étape
Le thème varie: carte bloquée, colis retenu, amende impayée, remboursement d’impôt. Le lien copie l’aspect d’un site connu, avec cadenas et design propre. Le cadenas ne prouve rien: un site frauduleux peut aussi chiffrer sa page. Des fautes, un ton sec, et l’urgence trahissent souvent le montage.
Après saisie, l’escroc peut lancer un virement, puis vous appelle. Il se présente en « cellule anti-fraude » et demande d’installer une appli de prise en main. Avec l’écran partagé, il lit vos SMS et capte vos codes. Ne donnez jamais un code reçu par SMS, et ne n’installez jamais une appli de contrôle à la demande.
Que faire si vous avez cliqué ou répondu
Agissez vite: mettez le téléphone en mode avion et supprimez toute appli suspecte. Connectez-vous à votre espace depuis un autre appareil et changez le mot de passe. Appelez le numéro au dos de votre carte, pas celui du SMS, pour bloquer la carte et les virements. Demandez une opposition immédiate et un gel temporaire des nouvelles opérations.
« Chaque minute compte. Plus l’appel part tôt au bon numéro, plus vous limitez les pertes. »
Gardez le SMS, faites des captures d’écran, notez l’heure et le montant. Transférez le message au 33700 pour signaler le spam. Déclarez les faits sur PHAROS et déposez plainte si un débit a eu lieu. Avec votre banque, contestez par écrit toute opération non autorisée.
Passez votre mobile au peigne fin. Retirez les profils inconnus, VPN, accès « Accessibilité » ou renvois d’appels. Si doute, lancez une réinitialisation et remettez un code PIN SIM robuste. Changez les mots de passe de messagerie et activez la double authentification sur vos comptes clés.
Prévenir le smishing au quotidien
Règle d’or: ne cliquez pas sur un lien reçu par SMS de source non vérifiée. Ouvrez l’appli de votre banque ou saisissez vous‑même l’adresse depuis un favori. Ne dictez jamais un code, même à un « conseiller ». Une vraie banque ne vous demandera pas d’installer une appli de contrôle à distance.
Vérifiez le ton, les fautes, l’heure, la logique du message. Une banque ne menace pas de fermer un compte par SMS. Pour lever le doute, contactez via un canal sûr: le numéro officiel ou le chat de l’appli. Activez des alertes en temps réel et fixez des plafonds de paiement ajustés.
Pourquoi ces arnaques se multiplient
Le smishing coûte peu et touche vite. Des numéros usurpés font croire à un échange légitime. Des listes issues de fuites de données nourrissent les envois massifs. Les fraudeurs testent des scripts et adaptent leur discours à la minute.
Leur chaîne est rodée: virement instantané, comptes « mules », conversion en crypto. Le but est de sortir l’argent en quelques heures. Quand l’appât par SMS marche moins, ils passent au vishing et à l’appel appuyé. Le tout repose sur l’émotion: peur, gêne, précipitation.
Banks et opérateurs durcissent les filtres et l’authentification. Vérification du nom du bénéficiaire, signature dans l’appli, délais sur nouveaux IBAN, filtrage anti-spam. Les fraudeurs répliquent avec de nouveaux prétextes et de nouveaux domaines. D’où la force des réflexes simples: lenteur, vérification, canal sûr.
Crédit photo © LePointDuJour