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La France, réputée pour son réseau bancaire étendu, a vu disparaître plus de 1 500 distributeurs automatiques de billets (DAB) en une seule année. Cette évolution inquiète aussi bien les particuliers que les commerçants. Face à la disparition progressive des distributeurs, La Banque Postale et le Crédit Agricole lancent une expérimentation commune. Leur ambition est claire : tester de nouveaux dispositifs afin d’optimiser l’accès aux espèces tout en maîtrisant les coûts liés à leur gestion.
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Pourquoi autant de distributeurs disparaissent-ils ?
La diminution du nombre de DAB ne date pas d’hier. Depuis plusieurs années, la montée en puissance des moyens de paiement numériques et l’usage croissant des cartes bancaires érodent progressivement le recours au liquide. En 2023, selon le Comité national des moyens de paiements sous l’égide de la Banque de France, plus de 1 500 guichets automatiques ont été supprimés. Cette tendance touche tout le pays, mais elle se fait particulièrement sentir dans les zones rurales ou périurbaines déjà fragilisées.
Les établissements bancaires justifient ces fermetures de distributeurs par des frais d’entretien élevés et une demande décroissante en cash. Pourtant, les conséquences dépassent largement le simple aspect logistique. De nombreux habitants doivent désormais parcourir plusieurs kilomètres pour retirer de l’argent. Ce phénomène, qualifié de désert bancaire, soulève la question de l’équilibre entre modernisation du secteur et maintien du rôle social des banques.
Un test commun entre la Banque Postale et le Crédit Agricole
Pour affronter ce défi, La Banque Postale et le Crédit Agricole expérimentent une solution hybride innovante. L’idée repose sur la mutualisation des points de distribution de cash, en s’appuyant sur les agences existantes mais aussi sur des relais partenaires, comme les bureaux de poste ou les commerces affiliés au réseau « relais CA ».
L’objectif affiché est double : optimiser la présence physique des distributeurs automatiques tout en garantissant un service de proximité. Grâce à cette initiative, il devient possible de mieux gérer les équipements tout en assurant une meilleure couverture territoriale, y compris là où l’offre diminuait jusqu’à présent.
Le principe des « points privatifs »
Les points privatifs sont des lieux permettant de retirer du liquide sans qu’un automate soit exclusivement réservé à chaque banque. Dans le cadre de cette expérimentation, certains DAB partagés pourront être utilisés par les clients des différentes enseignes partenaires, facilitant ainsi l’accès aux espèces via une infrastructure commune.
Ce système apparaît comme une vraie alternative à la fermeture pure et simple des distributeurs. Il répond à une attente forte des collectivités locales qui souhaitent éviter la désertification monétaire, facteur clé pour l’attractivité économique et sociale de leur territoire.
Fonctionnement de la mutualisation
Différents modèles sont envisagés selon la densité de population : partage d’automates fixes dans des emplacements stratégiques ou création de relais cash chez des commerçants agréés. Chaque client conserve sa carte habituelle et reste fidèle à sa banque, mais peut utiliser librement les équipements mutualisés des deux réseaux partenaires.
En harmonisant leurs infrastructures, La Banque Postale et le Crédit Agricole espèrent réduire les dépenses liées à la sécurité, la maintenance et la mise à jour technique des automates. Cela leur permet également de cibler avec précision les zones où l’investissement demeure pertinent.
Vers une évolution durable des modes d’accès au cash ?
Le test mené par La Banque Postale et le Crédit Agricole vise non seulement à préserver un accès physique aux billets, mais aussi à repenser la logique du réseau bancaire. Avec cette démarche inédite, les acteurs explorent de nouvelles synergies susceptibles d’inspirer d’autres établissements à l’avenir.
Cette collaboration intervient alors que le débat sur la place du cash s’intensifie. Pour beaucoup, disposer d’espèces reste synonyme d’autonomie face aux incidents informatiques, de confidentialité financière ou simplement de respect d’habitudes ancrées. Le sujet ne concerne donc pas uniquement les publics âgés ou moins connectés, mais touche toute la population française.
Les données marquantes de la disparition des DAB
Quelques chiffres permettent de mesurer l’ampleur et l’impact de la suppression des automates en France :
- Plus de 1 500 distributeurs automatiques supprimés en un an.
- Fermetures concentrées dans les petites villes et villages, accentuant les inégalités territoriales.
- Baisse générale du recours à l’espèce, tout en maintenant un besoin essentiel dans certains bassins de vie.
Année | DAB actifs | Variation annuelle |
---|---|---|
2021 | 48 710 | -400 |
2022 | 47 210 | -1 000 |
2023 | 45 700 | -1 510 |
Quels enjeux pour les consommateurs et les territoires ?
L’accès aux espèces ne se limite pas à un enjeu pratique : il garantit l’indépendance vis-à-vis des technologies et préserve une certaine universalité dans l’acte de paiement. De nombreux usagers restent attachés à la possibilité de régler en cash, attendant des banques qu’elles assurent ce droit même à l’heure du numérique.
Pour les élus locaux, la disparition progressive des DAB pose la question de la vitalité commerciale et sociale des centres-bourgs. Le modèle testé par La Banque Postale et le Crédit Agricole suscite un vif intérêt car il pourrait offrir une réponse équilibrée entre modernité et ancrage territorial, au service des habitants et des commerces.
Crédit photo © LePointDuJour