Le matin, pressé, vous buvez votre thé bouillant? Ce geste banal peut multiplier par six le risque de cancer

Thé très chaud: un danger pour l’œsophage. À quelle température le risque grimpe? Gestes simples et erreurs à éviter. Protégez-vous.

Voir le sommaire Ne plus voir le sommaire
Chaque matin, votre thé fume encore quand vous approchez la tasse des lèvres. Le geste rassure, la chaleur aussi. Mais une simple erreur de température peut faire grimper le risque de cancer de l’œsophage, surtout si le thé est bu très chaud.

La chaleur, un faux ami pour l’œsophage

Boire une boisson très chaude irrite la muqueuse de l’œsophage. Gorgée après gorgée, la chaleur crée des micro-brûlures et une inflammation répétée. Avec le temps, ces lésions peuvent favoriser des cellules anormales. Ce terrain fragilisé laisse la porte ouverte au cancer de l’œsophage.

Les experts classent les boissons à plus de 65°C comme « probablement cancérogènes ». Ce seuil revient dans plusieurs études sur le thé. À 60–65°C, le risque commence à grimper. Au-delà, la menace se renforce, surtout chez les gros buveurs quotidiens.

Votre langue brûle, vous toussez, la gorge tire ? Ce signal dit souvent « trop chaud ». Les chercheurs décrivent un cercle vicieux de brûlures, puis de réparation, puis de nouvelles brûlures. La répétition crée un stress tissulaire qui pèse sur le long terme.

« Attendez que votre thé descende sous 60°C avant la première gorgée. Cette simple habitude coupe la source d’irritation la plus directe. »

Le risque grimpe encore quand la chaleur se combine avec tabac et alcool. Les études montrent un risque multiplié par six chez les personnes qui boivent leur thé brûlant et consomment tabac et alcool. L’alcool altère la muqueuse, la fumée apporte des composés toxiques. Ajoutez la chaleur, la triade devient redoutable pour l’œsophage.

Ce que disent les études

De grands suivis menés en Asie et au Moyen-Orient montrent une hausse nette du risque avec le thé très chaud. Chez ceux qui boivent vite, juste après infusion, le risque de cancer de l’œsophage peut doubler ou tripler. Le volume et la fréquence pèsent eux aussi. Plus on boit chaud, plus la muqueuse encaisse.

En 2016, l’agence internationale de recherche sur le cancer a classé les boissons au-delà de 65°C dans la catégorie « probablement cancérogène ». Ce n’est pas le thé en tant que plante qui est en cause, mais la température d’ingestion. D’autres travaux récents confirment cette piste. Le message converge, au-delà des pays et des habitudes.

Comment boire son thé sans risque inutile

Après l’infusion, laissez la tasse refroidir 4 à 5 minutes. Visez une gorgée à 55–60°C, zone jugée plus sûre pour l’œsophage. Un thermomètre de cuisine aide, sinon fiez-vous à la sensation: si ça pique, attendez. Un petit nuage d’eau froide abaisse vite la chaleur.

« Visez un thé à 55–60°C et prenez la première gorgée comme un test. Si la chaleur surprend, patientez. Votre œsophage vous dira merci. »

Choisissez un mug en céramique fine qui diffuse mieux la chaleur. Évitez les gobelets isothermes pour boire tout de suite, car ils gardent le thé dans la zone à risque. Pas de paille métallique: elle envoie la boisson chaude au fond de la gorge. Un peu de lait ou d’eau réduit la température sans ruiner le goût.

Rappel simple: la température d’infusion n’est pas la température de boisson. On infuse un thé vert à 70–80°C, mais on ne le boit pas à 80°C. Laissez la tasse reposer sur la table. Tournez doucement la boisson pour accélérer le refroidissement.

Vous avez des brûlures d’estomac, un œsophage fragile ou un Barrett ? Passez aux boissons tièdes et fractionnez les gorgées. Toute douleur à la déglutition qui dure plus de quelques jours mérite un avis. Un changement simple maintenant évite des soucis demain.

Et les autres boissons chaudes ?

Le message vaut pour le café, les tisanes et le maté. En Amérique du Sud, le maté très chaud, bu à répétition, a été lié au cancer de l’œsophage. Là encore, c’est surtout la chaleur qui pose un problème. La plante ne protège pas d’une brûlure mécanique.

La même prudence s’applique aux soupes et nouilles bouillantes. Les enfants courent un risque de brûlure plus élevé, leur muqueuse est fragile. Testez toujours la température avant de servir. Visez le tiède, pas le brûlant.

Idées reçues à défaire

« Le thé vert protège, donc je peux le boire très chaud »: non. Les antioxydants ne compensent pas une agression thermique répétée. Le bénéfice du thé se joue sur la durée et une consommation raisonnable. La prudence sur la température reste la base.

« Sans sucre, je ne risque rien »: le sucre n’a pas d’effet sur la sécurité thermique. Autre mythe: un couvercle garde les arômes. Il garde surtout la boisson dans la zone > 65°C. Ouvrez, laissez l’air faire son travail.

La qualité du thé ne change pas le risque lié à la chaleur. Un grand cru brûlant agresse autant qu’un sachet basique. Bonne nouvelle: à mesure que le thé refroidit, les arômes se déploient. On gagne en goût en plus de gagner en sécurité.

Crédit photo © LePointDuJour


Vous aimez cet article ? Partagez !


Partagez votre avis