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C’est un tournant majeur qui va voir le jour dans le paysage des aides sociales. En effet, jeudi dernier, l’Assemblée nationale a voté en première lecture une proposition de loi qui vise à verser des allocations familiales dès le premier enfant.
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Un changement à venir sur les allocations familiales ?
C’est une mesure inédite en France depuis presque cent ans. Les parents pourraient bien percevoir des allocations familiales dès le premier enfant. Pourtant, c’est un nouveau projet qui soulève déjà de nombreuses interrogations.
Elles concernent notamment son efficacité réelle et son financement. Actuellement, les familles ne perçoivent des allocations familiales qu’à partir du deuxième enfant. La proposition adoptée changerait cette règle.
En effet, elle prévoirait une aide mensuelle de 75 euros dès le premier enfant, mais sous conditions de ressources. Cela représente la moitié de l’allocation versée aujourd’hui à partir du deuxième enfant. Elle peut d’ailleurs aller jusqu’à 150 euros pour les ménages les plus modestes.
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Le texte voté à l’Assemblée ne fait cependant pas l’unanimité. Le gouvernement et une partie des députés du bloc central ont exprimé leurs réticences. Ils ont surtout pointé du doigt le coût d’une telle mesure.
En revanche, cette idée sur les allocations familiales n’a pas encore vu le jour. Il ne faut pas oublier qu’elle doit encore passer l’étape du Sénat. Plusieurs se demandent si cette aide aura un vrai impact sur la natalité.
« On ne fait pas des enfants pour de l’argent »
Julien Damon, sociologue et auteur du livre Les Batailles de la natalité, a donné une réponse claire. Il a confié à Europe 1 : « On ne fait pas des enfants pour de l’argent. Dans le monde entier, la fécondité baisse, donc ce n’est pas l’horlogerie des prestations familiales qui changera tout »
Si cette allocation familiale pourrait soulager certaines familles, elle ne suffira pas à elle seule à inverser la tendance démographique. Le débat ne s’arrête pas là. En plus de son impact symbolique, la mesure pose un sérieux problème de financement.
Étendre les allocations à des millions de familles en plus coûterait cher à l’État. Les premières estimations évoquent une enveloppe de trois à quatre milliards d’euros. Une somme difficile à justifier alors que le gouvernement cherche déjà à faire 40 milliards d’euros d’économies.
Julien Damon a d’ailleurs avoué : « Si on le fait sans faire d’économie par ailleurs, c’est aberrant. On ne va pas débloquer d’un coup trois-quatre milliards d’euros quand par ailleurs on cherche à faire 40 milliards d’euros d’économie« .
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Avant de préciser : « L’occasion est bonne pour réviser le système global des allocations familiales ». C’est donc une réforme qui pourrait être l’occasion de repenser entièrement la politique familiale française.
Des pistes évoquées
Plusieurs pistes ont d’ailleurs vu le jour pour limiter le coût de cette mesure. Parmi elles, l’idée de rendre les allocations familiales imposables ou de réduire les montants versés aux familles les plus nombreuses.
Des propositions qui risquent, elles aussi, de diviser. En revanche, il ne faut pas oublier que de plus en plus de familles ont du mal à joindre les deux bouts. Une aide de 75 euros par mois pourrait représenter un vrai coup de pouce pour certaines.
En revanche, certains craignent qu’elles ne suffisent pas à elles seules à répondre aux besoins croissants liés à la parentalité. Crèche, logement, alimentation, santé… le coût d’un enfant pèse lourd dans les budgets, surtout pour les foyers modestes.
Il ne faut pas oublier que le passage devant le Sénat se montrera déterminant. De plus, rien ne garantit que le texte sera conservé tel quel. Affaire à suivre, donc !